Commémoration du 11 novembre 1918

Programme
Discours de Madame le Maire

Madame, Monsieur,

Chers Montessonnais,

La mort, en 2008 de Lazare PONTICELLI, le dernier poilu de la Grande-guerre ; celle, il y a un mois, d’Hubert GERMAIN, dernier compagnon de la Libération ; ces deux disparitions nous rappellent combien, au-delà de l’inestimable valeur du témoignage humain, il est important de perpétuer le Devoir de mémoire tant, selon le mot d’Elie WIESEL : « Le bourreau tue toujours deux fois, la seconde fois par l'oubli. »

Ernest RENAN,  Historien et grand théoricien de la Nation, définissait cette dernière comme « la possession d’un riche legs de souvenirs dans un passé commun ».

Ainsi, aujourd’hui, c’est la Nation française que nous représentons également par notre participation à cette cérémonie !

Je vous remercie donc de votre présence à ce 103e anniversaire de l’Armistice de 1918 ainsi que celle de la nouvelle génération représentée par les membres de notre Conseil Municipal des Jeunes ainsi que par de nombreux élèves du Collège Pablo Picasso de Montesson.

***

Le 11 novembre 1918, à 11h11 précises, le « cessez-le-feu » constitua l’épilogue de quatre années d’un terrible conflit dont les conséquences allaient entraîner la Seconde Guerre mondiale entre les mêmes belligérants !

Celui-ci occasionna 18 millions de morts en parts équivalentes de militaires et de civils et pour la France, 1,4 million de disparus, dont 300 000 civils auxquels s’ajoutèrent 4,2 millions de blessés !

91 Montessonnais auront également fait le sacrifice de leur vie. 

Parmi ces quatre années et demi effroyables, j’ai souhaité rappeler le souvenir de la bataille de Verdun, dont nous commémorons cette année le 105e anniversaire et qui est emblématique de la grande Guerre.

Sans doute connaissez-vous cette phrase pleine de cynisme d’un ancien Dictateur que je ne nommerai pas : « la mort d’un homme est un drame, la mort d’un million d’hommes est une statistique ».

Pourtant, les 700 000 victimes dont 360 000 soldats français de la bataille de Verdun représentent pourtant, bien au-delà d’un chiffre, autant de drames humains qui donnent toute sa dimension à cette bataille, laquelle est restée comme le symbole de la résistance absolue de nos « poilus » à la souffrance et à l’adversité.

Oui, vraiment, Verdun fut la « mère des batailles » !   

Elle fut moins meurtrière que celle de la Somme, mais fut plus longue puisqu’elle dura du 21 février au 18 décembre 1916.  

L'armée française y fit passer, par rotation, 70 de ses divisions sur les 95 qu’elle comptait, ce qui fit dire à ceux qui eurent la chance d’en revenir, dans un mélange de fierté et d’horreur : « Verdun, j’y étais » !

La violence des combats s’explique en grande partie par la très faible étendue du champ de bataille (quelques km2) au sein duquel des centaines de milliers d’hommes (525 000 côté français) se confrontèrent jour et nuit dans des conditions apocalyptiques.

La bataille fut composée de 3 phases successives :

Gains allemands depuis février puis enrayement de l'offensive germanique en juin-juillet et enfin, reconquête du terrain perdu, entre octobre et novembre, avec la récupération du fort de Douaumont. À tel point que la bataille s’achève le 18 décembre 1916 par un retour à la situation antérieure, même si la mémoire collective en a fait une victoire défensive de l'armée française.

Mais une victoire à quel prix !  

Celui, exorbitant, d’une guerre des tranchées dans lesquelles se côtoyaient boue, cadavres, rats, vermine et famine et tout cela dans les conditions sanitaires que l’on imagine aisément…

Nos « poilus » auront enduré les pires souffrances :

  • le froid et la peur qui paralysent ;
  • l’humidité qui transperce les corps ;
  • les maladies, la dénutrition et la privation de sommeil qui détruisentles organismes ;
  • les blessures du feu et des baïonnettes ;
  • les effets dévastateurs du gaz ;

Et pour le plus grand nombre, la mort comme délivrance ultime !  

Reconnaissant le courage du sacrifice de ces jeunes soldats, « le Père la victoire » Georges CLEMENCEAU dira, parlant des poilus : « Ces gens-là auront des droits sur nous ! »  

Parmi les grandes figures militaires de cette bataille figurent les noms du Maréchal JOFFRE ainsi que ceux des généraux NIVELLE, PETAIN, mais aussi celle d’un capitaine âgé de 26 ans dont le 33ème bataillon d’infanterie est décimé par l’ennemi en défendant le village de Douaumont.     

Tentant une percée, le jeune Charles de GAULLE saute dans un trou d'obus pour se protéger, mais est blessé par un coup de baïonnette allemande à la cuisse. Capturé, il est soigné et interné.

 ***

Plus d’un siècle après, par mémoire pour toutes nos victimes : morts, blessés et ces fameuses « gueules cassées » défigurées, il est nécessaire de célébrer cette victoire contre l’Allemagne en la désignant comme telle !

Mais, aujourd’hui, le vent de l’Histoire a tourné et s’il est essentiel de ne pas oublier, il faut également rappeler que ce pays constitue notre principal allié européen.

  • On a ainsi parlé d’axe franco-allemand lors de la construction européenne ;
  • Puis de l’amitié franco-allemande symbolisée à Montesson par notre jumelage avec la ville de Baesweiler ;
  • Souvenons-nous également, en 1984, de ces anciens Président français et Chancelier allemand, main dans la main en signe de réconciliation devant l’ossuaire de Douaumont justement.     

 

***

Après les temps difficiles que nous avons récemment connus, ces rassemblements mémoriels constituent autant de repères de par les valeurs de courage, d’abnégation et d’amour de la Patrie qu’ils véhiculent.

Il est essentiel que de telles cérémonies se perpétuent, afin que le flambeau ardent de notre Mémoire collective puisse se transmettre aux jeunes générations et aux citoyens en devenir que sont par exemple nos jeunes du CMJ présents ce matin et celle de nombreux élèves du Collège Pablo Picasso de Montesson.

Dépassant les clivages partisans ou les différences confessionnelles, ces manifestations constituent également une composante essentielle de notre cohésion nationale si souvent mise à mal aujourd’hui.

À ce titre, veillons à entretenir ce souvenir qui au-delà de rappeler notre passé, éclaire notre avenir commun.

Je vous remercie.